On the road to Mandalay

Thacatchac thacatchac Bang -Bing- Bang- Bing. Nous sommes dans le train en direction du nord de la Birmanie, Mandalay.  Il oscille de gauche à droite, parfois à 30 degrés  de son axe théorique… Sa vitesse ne dépasse pas les 15 km/heure, et heureusement. Un vieux train poussiéreux et bruyant sorti d’une autre époque.

Le train s’arrête, souvent, très souvent, parfois même en pleine nature, sans que l’on sache pourquoi: peut-être de nouveaux passagers sortis du taillis?

La route est longue et lente, mais belle. On quitte les plaines pour les montagnes boisées.

Soudain, à flanc de montagne, le train s’arrête une énième fois. Il semble jouer à la feuille morte: il s’arrête, fait marche arrière pour rejoindre une petite gare en contrebas, puis reprend en marche avant jusqu’à un pont. Il poursuit, avant, arrière, en descendant petit à petit. Un peu déroutant au début, d’autant que nous sommes entourés de falaises, puis on s’y fait…

Après 10 heures de train, un jour d’attente et 5 heures de train le lendemain, nous rejoignons Mandalay où nous passerons une semaine.

Ancienne capitale, cette ville qui longe l’Irrawady, le fleuve principal du pays, dégage un charme indéfinissable, surtout au cœur du quartier populaire où nous logeons: poussière tenace, ballet incessant de voitures, camions, pick-ups, vélos-pousse, scooters; centaines de pagodes (temples bouddhistes) et de stupas d’un blanc éclatant, de moines en robe bordeau et de nonnes en robe rose, en quête de nourriture.

Nous louons des vélos et partons à la découverte de la ville et de ses alentours, les villes royales de Mingun, Amarapura et Inwa.

A Amarapura, à côté de l’Irrawady et du pont de bambous de plusieurs kilomètres qui l’enjambe, se trouve l’université de Mandalay. Nous nous retrouvons par hasard au coeur de la jeunesse birmane. Il y souffle un vent de liberté. Des jeunes d’une vingtaine d’années, aux coiffures excentriques, la clope d’une main, le smartphone de l’autre viennent boire un thé ou même manger avec leurs amis et amies. C’est lunchtime. Même les serveurs, beaucoup plus jeunes, arborent fièrement leur mèche de cheveux sur le côté, qui cache le thanaka traditionnel de leurs joues de gamin, un peu bouffies. La musique résonne sous les paillotes, une espèce de pop birmane. Très sympa, presque émouvant lorsque l’on sait d’où vient ce pays, encore soumis à une junte militaire.

Nous allons une nouvelle fois profiter de la générosité, désintéressée, et de l’amabilité des Birmans: la cliente d’une petite marchande de rue qui paye une crêpe aux œufs à Estelle; une petite dame qui nous guide avec son scooter jusqu’à notre hôtel alors que nous étions perdus en pleine nuit (qui tombe à 18h, rassurez-vous); la couturière du coin qui a recousu la jupe d’Estelle gratuitement.

Sur la petite ile d’Inwa, nous sommes carrément invités à manger dans une famille que Thomas avait juste salué d’un « mingalaba » par dessus la barrière de leur habitation, intrigué qu’il était par ce qui cuisait sur le feu de bois. Riz collant à la noix de coco et au sucre, suivi d’une pâte de riz aux noix et aux fruits. Le taux de glycémie bien trop élevé et le ventre plein, nous repartons à vélo, à travers les rizières de l’île.

Chaque soir ou presque, nous mangeons dans la même gargote de rue, sur un petit banc en bois, caché sous les piles de marmites, tenue par une mère et sa fille (enceinte jusqu’au cou) qui nous préparent de délicieuses « shan noodles », une spécialité de la région, et ce pour 0,5 dollars seulement.

C’est l’heure de quitter ce charmant pays qui nous a définitivement conquis. Promis, on reviendra!

« Tata Myanma!! »