Om mani padme hum

Un monastère flambant neuf, on dirait presque un Sheraton, manque plus que la piscine...

Après six mois de voyage en terre bouddhiste, nous nous sommes dit qu’un séjour dans un monastère nous permettrait d’en savoir plus sur cette religion bien plus compliquée qu’il n’y parait.

Nous nous sommes donc lancés dans un nouveau projet de volontariat, par l’intermédiaire de l’ONG népalaise VIN: enseigner l’anglais dans un monastère tibétain, au Nepal.

Si si tibétain car de très nombreux Tibétains ont fui vers le Nepal depuis l’invasion du Tibet par la Chine en 1950, de nombreux monastères bouddhistes tibétains ont été construits au Nepal.

Nous sommes restés un mois dans le monastère « Azom ». Expérience surprenante. Un monde aux milliers de paradoxes que nous ignorions totalement jusqu’alors.

Loin de la sobriété que l’on pourrait attendre d’un monastère bouddhiste dans un pays pauvre comme le Nepal, Azom est gigantesque, splendide, reluit d’or peint à la main par des artistes bouthanais venus tout spécialement de leur terre natale pour la construction du monastère, toujours en cours.

Le monastère compte un temple imposant, avec des étages qui semblent se superposer à l’infini, en rectangles de plus en plus petits et aussi de hauts, très haut plafonds. Autour des bâtiments qui hébergent le Rinpoché, le Maître des lieux, les autres moines adultes, les invités et certains enfants des classes supérieures.

En contrebas, il y a un autre bâtiment, bien moins luxueux, où vit le reste des moinillons.

Azom est un monastère consacré à l’éducation – et non à la méditation- de centaines d’enfants népalais, originaire de villages himalayens. Une éducation au bouddhisme tibétain principalement. Il y a 250 enfants actuellement. Il devrait y en avoir 500 d’ici peu.

Saviez-vous qu’Azom, où vivent des tibétains en exil, a été construit et est financé au quotidien grâce à l’investissement colossal de milliardaires chinois?

Nous étions les premiers volontaires à Azom. Et la tâche fut plus compliquée que prévue. L’ONG que nous avions grassement payée n’avait pas rencontré le numéro 2 du monastère, en charge de l’éducation des enfants. Du coup, il était terriblement méfiant à notre égard, au début n’avait aucune envie que l’on donne cours d’anglais aux enfants, une langue synonyme d’ouverture vers l’extérieur, une langue qu’il ne maîtrise pas.

Tout ça nous l’avons compris bien plus tard, par bribes car les moines ne parlaient ni l’anglais, ni même le népalais que nous avions un peu appris. Uniquement le tibétain, que nous ne maîtrisons pas bien entendu mais que même les membres de l’ONG ne parlent pas. Un magnifique challenge en terme de communication…

Pour couronner le tout, nous sommes tombés au milieu du Nouvel an tibétain -« Losar »-, soit en pleines vacances scolaires…

En un mois, nous avons vécu au rythme monacal (repas à heures fixes, chaque jour le même menu), découvert la cuisine tibetaine (Thé au lait et beurre de yak salé, Tsampa -farine d’orge grillé-, Timok et Tukpa), participé aux festivités du Losar et à ses heures de prières, donné cours d’anglais à trois moines adultes motivés et, essentiellement la dernière semaine, donné cours à des classes d’enfants moinillons, ravis de faire autre chose que prier ou aider à l’aménagement du monastère.

Expérience unique, bouillonnante de questions laissées sans réponse vu les difficultés énormes de communication, qui nous laisse un goût de trop peu…